D-50: les “Etats-Unis” d’Amérique?
En 2004, Barack Obama prononçait le discours qui allait propulser sa notoriété médiatique et en faire un candidat naturel à l’élection présidentielle, quatre ans plus tard. Il déclarait alors, à l’encontre de ceux qui essayaient de diviser l’Amérique: “il n’y a pas une Amérique libérale et une Amérique conservatrice. Il y a les Etats-Unis d’Amérique. Il n’y a pas d’Amérique noire, blanche, latino ou Asiatique. Il y a les Etats-Unis d’Amérique (…) Nous sommes un peuple, et nous prêtons tous allégeance aux étoiles et aux rayures, défendons tous les Etats-Unis d’Amérique”.
Seize ans plus tard, cette phrase résonne et laisse place à de l’amertume. Lui qui pensait pouvoir rassembler l’Amérique, Barack Obama a laissé la place à la personne qui a le plus contribué à défaire cette unité, à opposer pour mieux régner, Donald Trump.
Cela est encore plus flagrant dans le contexte actuel d’une pandémie, qui a entraîné une chute vertigineuse de 34 % du PIB américain au deuxième trimestre et fait 22 millions de chômeurs aux Etats-Unis. Après avoir sciemment minimisé la gravité du virus Covid-19, comme il l’a admis dans un enregistrement avec Bob Woodward, Donald Trump a accusé ses adversaires de tous les maux. Et aujourd’hui, il suscite des oppositions au sein de son propre parti, entre ceux pour qui la coupe est pleine et vont soutenir Joe Biden, et ses fidèles quoi qu’il fasse ou dise.
Preuve de cette division profonde: le plan de relance de 500 milliards de dollars préparé par le camp républicain a été rejeté jeudi par le Sénat, à majorité républicaine mais qui avait besoin de 60 votes, donc six votes des démocrates. Même au coeur de la plus grosse crise économique depuis 1929, les deux partis ont décidé de camper sur leurs positions, au détriment des citoyens. Si bien que dans un contexte hautement politique, à 51 jours des élections présidentielles, le Congrès pourrait ne pas voter de nouveau plan avant début novembre, laissant des millions d’Américains sur le carreau.
Une crise si extraordinairement difficile, qu’elle a incité 150 dirigeants de grandes sociétés américaines, comme Goldman Sachs, Mastercard, Pfizer, Nasdaq ou Jetblue à envoyer une lettre au maire de New York, Bill de Blasio, pour l’exhorter à restaurer la sûreté et la propreté de la ville, mises à mal après les grosses coupes budgétaires dues à la crise. Une condition sine qua non pour que les employés reviennent chez eux et au travail, et redresser l’économie de la ville en pleine déshérance, rappellent-ils.
Mais gardons espoir! De belles nouvelles sont aussi annoncées en ce moment:
la réouverture des restaurants en intérieur à New York à partir du 30 septembre, même si ce ne sera qu’à 25 %. Un geste indispensable pour sauver les restaurants de New York, dont 83 % n’ont pas payé leur loyer entièrement en juillet
Jane Fraser, la présidente de la banque de détail de Citigroup, va devenir CEO de la banque en février prochain, et devenir la première femme de l’histoire à diriger une banque de Wall Street (il était temps…!)
Et pour finir sur Barack Obama, voici ses derniers mots, en forme de supplication, après avoir réagi aux incendies californiens cette semaine: “Votez comme si votre vie en dépendait, car c’est le cas”.
See you on Monday :)