Avec Biden, la fin des paradis fiscaux ?
Tout d’abord, désolée pour ce long silence, cette année de pandémie est un véritable parcours du combattant pour les parents (ils ne sont bien sûr pas les seuls), et les termes « burn-out parental » ou « épuisement parental » risquent de passer désormais dans le langage courant. C’est d’ailleurs dans le cadre d’une enquête sur le sujet que le New York Times a mis à disposition une « hotline » appelée la « Primal Scream Line », pendant plusieurs mois. Le média a invité les parents à laisser des messages, ou même à seulement hurler dans leur combiné, pour se défouler. Il a ensuite publié un long article avec les témoignages de trois mères, qui détaille les étapes suivantes : Chaos, Résignation, Noyade, Épuisement, Rancoeur, Persévérance and Espoir. Un incroyable travail de journalisme, qui fait résonner les voix de parents oubliés. Et cela fait du bien.
Mais passons à notre sujet favori : l’administration Biden ! Comme vous l’avez tous suivi, le Président américain a présenté et fait passer au Congrès son immense loi sur les infrastructures, une enveloppe d’un montant astronomique de 1.900 milliards de dollars. Le terme est d’ailleurs bien réducteur car ce grand volet englobe aussi bien une enveloppe de 620 milliards de dollars pour les transports, que 400 milliards pour améliorer les soins aux personnes âgées ou handicapées, 300 milliards pour la manufacture (en particulier la production de semi-conducteurs et de matériel médical), 180 milliards pour la R&D ou même encore 100 milliards pour les écoles etc. Par comparaison, cet immense chantier législatif, imaginé comme une sorte de New Deal pour relancer l’économie après la crise Covid, est deux fois plus important que celui voté par l’administration Obama après la crise financière de Lehman Brothers. Le mot d’ordre était un plan ambitieux, quitte à grever les finances publiques à court terme, pour financer la croissance de demain.
Bien sûr, Joe Biden ne va pas financer ce plan uniquement par la dette, mais compte augmenter les impôts des plus riches Américains (ceux qui gagnent plus de 400.000 dollars) et des entreprises. La proposition, qui est encore en négociation au Congrès, consiste à relever le taux d’impôt sur les sociétés de 21 à 28 %, et un consensus pourrait émerger autour de 25 %. Pour rappel, son prédécesseur Donald Trump avait fait un cadeau historique aux entreprises en baissant leur taux d’impôt de 35 % à 21 %, et fait exploser le déficit fédéral à près de 1.000 milliards de dollars. Si bien que la dette publique du pays est désormais peu ou prou égale à 100 % de son PIB annuel.
Surtout, l’administration Biden s’attaque à un problème qui a été jusqu’à présent encore totalement éludé : l’évasion fiscale légale des grandes entreprises, celles qui déclarent la grande majorité de leurs revenus au sein de leurs filiales dans les pays les plus favorables fiscalement. Les plus grandes entreprises américaines sont coutumières du fait, et cela se chiffre en milliards de dollars de manque-à-gagner fiscal pour les États-Unis, chaque année. Au total, la Maison Blanche a fait valoir qu’elle pourrait rapatrier 2.500 milliards de dollars de profits qui sont actuellement déclarés à l’étranger, et faire rentrer 400 milliards de dollars de recettes supplémentaires sur dix ans!
Pour ce faire, l’exécutif a proposé qu’un taux minimum de 15 % d’impôt soit appliqué sur les profits globaux générés par les multinationales américaines, quel que soit le pays où elles les déclarent. Le candidat Biden avait indiqué qu’elles y seraient soumises dès que leurs profits dépassent 100 millions de dollars par an, mais a déjà fait des concessions : désormais, ce sont celles qui ont plus de 2 milliards de dollars de profit net. Ce qui réduit le nombre de concernées à 45, selon les dernières estimations du Trésor. C’est peu certes, mais cela vise les plus puissants groupes américains tels qu’Amazon, Google, Nike ou Pfizer, qui utilisent depuis bien longtemps les rouages fiscaux à leur avantage, pour ne payer qu’une fraction de leur facture fiscale aux US.
En parallèle, les États-Unis font un lobbying actif pour que les pays du G20 décident d’un taux d’impôt minimum global sur les sociétés de 21 %, pour lequel un accord est attendu d’ici à cet été. Or, c’est bien la réponse finale à apporter à tous les détracteurs des hausses d’impôts sur les sociétés, qui martèlent à tout-va que de telles décisions ne font que ruiner la compétitivité d’un pays. Dans un monde idéal, une fiscalité unifiée pourrait permettre, de régler les problèmes de dumping fiscal. Mais de l’autre côté, d’autres pays comme l’Irlande, terre d’accueil de ces multinationales avec un taux d’impôt de 12,5 %, ont rapidement fait leurs comptes : selon le ministre des Finances du pays, un taux minimum global pourrait causer la perte de 20 % des revenus de l’Irlande qui, en toute surprise, va s’y opposer.
Enfin, sur une note plus positive, la CDC (Center for Disease Control and Prevention), l’organe fédéral de santé du pays, a déclaré que les personnes vaccinées pouvaient ne pas porter de masque en extérieur en petits groupes, et lorsqu’ils étaient suffisamment distants d’autres personnes. A l’heure actuelle, 43 % des Américains ont reçu une dose, et près de 30 % sont vaccinés.