Uncle Joe veut rester… Et nous?

Ravie de vous retrouver, pour de nouvelles aventures sous l’Amérique de Biden !

L’actualité du jour m’a donné l’occasion idéale de reprendre la plume, ou le clavier. Car nous y voilà! Après avoir suggéré il y a trois ans qu’il ne serait le Président que d’un seul mandat, Joe Biden a franchi le pas, et annoncé sa candidature à l’élection présidentielle 2024. Une vidéo de trois minutes le montre au plus près des Américains, sur le terrain, et face à l’ennemi du chaos (républicain) qui menace deux valeurs fondamentales des Etats-Unis : la démocratie et la liberté. Avec à l’appui des images saisissantes de l’attaque du Capitole du 6 janvier 2021, ou encore les manifestations sur l’avortement.

Ce mardi, “Scranton Joe” (du nom de sa ville d’origine en Pennsylvanie, bastion ouvrier) a pris pour la première fois la parole devant la conférence des syndicats à Washington depuis la sortie de cette vidéo de campagne. S’il s’agissait d’un événement officiel de la Maison Blanche, il en a bien sûr profité pour défendre son premier mandat, face à une assemblée favorable à sa cause. Il a évoqué ses origines et mis en valeur la classe moyenne américaine, en particulier les syndicats - c’est-à-dire son public - qui ont “construit l’Amérique”, à la différence de Wall Street, a-t-il martelé. Il a choyé la main-d’oeuvre ouvrière Américaine avec des phrases typiques de son crû, telles que : “Un métier est bien plus qu’un salaire. Il s’agit de dignité”. Contrairement à la vidéo plus manichéenne, il a mis en valeur son bilan, en particulier la gestion de la pandémie, son grand plan d’infrastructure de 1.200 milliards de dollars, la réforme du prix des médicaments ou encore le climat. Et réitéré son engagement de ne pas augmenter les taxes sur tout foyer qui gagne moins de 400.000 dollars par an.

“Finissons le travail”. C’est sur cette promesse que s’est terminée son allocution, sous les clameurs “Encore quatre ans” du public.

Il veut rester à la Maison Blanche certes, mais qu’en est-il des Américains? Pour ma part, j’avoue avoir été surprise quand s’est confirmée la rumeur de sa nouvelle candidature ces derniers mois et semaines. J’avais bêtement cru son message de 2019, quand il avait sous-entendu ne briguer qu’un seul mandat. Puis quand il avait choisi Kamala Harris, sénatrice de Californie et solide partenaire sur son ticket qui pouvait gagner une ampleur nationale pour prendre sa succession en 2024. Mais il semblerait qu’à l’image de beaucoup de vice-Présidents dans le passé, elle n’a pas réussi à “exister” dans le giron présidentiel et à se tailler une réputation crédible pour la Maison Blanche (lire à ce sujet l’excellente biographie Kamala Harris, l’héritière de mon collègue Alexis Buisson). Mais il ne faut pas pour autant jeter Kamala avec l’eau du bain, car je crois cette femme suffisamment brillante et ambitieuse pour continuer à (bien) mener sa barque.

Et cette nouvelle campagne ne fait pas non plus rêver les Américains, qui auraient probablement préféré du sang neuf qu’un octogénaire - Joe Biden aura presque 82 ans le jour de son élection, 86 d’ici la fin de son potentiel deuxième mandat. Seuls 26 % des Américains voulaient le voir candidat, et 47 % parmi les démocrates, selon un dernier sondage Associated Press.

Ce choix ressemble donc bien à celui de la raison : mettre en avant le Président en place et un routier de la politique, dans une carte électorale favorable aux démocrates. Joe Biden joue le rôle, il a utilisé une rhétorique qu’on lui connaît bien, celle de l’homme issu de la classe moyenne ouvrière, qui sait parler aux Américains d’emploi, d’économie et de leurs préoccupations quotidiennes. Avec sa gouaille habituelle, si bien qu’il a failli déraper quelques fois (le mot “hell” a été remplacé par “heck” in extremis). Ce genre de petit écart de Papy contrarié le rend finalement sympathique.

Faute de ferveur populaire, Joe Biden va devoir trouver un subtil équilibre. D’une part, brandir la menace à l’ordre que représente les “MAGA” républicains (les partisans de Trump) et se poser en protecteur des droits des Américains, face à un Donald Trump candidat mais encore invisible. D’autre part, défendre son bilan économique et espérer éviter une récession.

Le marathon de la Maison Blanche a commencé, J-650!

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