D-day pour Uncle Joe et Momala Harris

Ce mercredi a commencé par un « Maman, Maman, viens voir, il neige » ! Quelques flocons qui n’auront pas duré, mais déjà, le ton était donné, une petite magie dans l’air et une excitation palpable. Pour beaucoup de gens, ce 20 janvier était historique, pour de toutes autres raisons. D’une part, le Président -le plus âgé de l’Histoire, à 78 ans - accède à la Maison Blanche sans aucune transition préalable, et sans avoir même mentionné une seule fois le nom de son prédécesseur. D’autre part, la première femme Noire et Asiatique devient vice-Présidente des États-Unis, une fierté et un espoir immenses pour les femmes et les minorités de ce pays. Elle est apparue aux côtés de son mari, qui n’a pas hésité à abandonner sa carrière d’avocat pour suivre et soutenir l’ascension politique fulgurante de son épouse. Mais aussi entourée de son beau-fils et sa belle-fille, Cole et Ella, qui l’appellent affectueusement Momala, et de leur maman, devenue l’amie de Kamala Harris. L’image d’une Amérique moderne, recomposée, multi-raciale et profondément unie.

 

L’unité, c’est bien sûr le message central envoyé par Joe Biden lors de son premier discours d’inauguration. Pourtant, elle est bien difficile à visualiser cette unité, lorsque l’on analyse le contexte de cette inauguration. Cet événement a lieu à peine deux semaines après l’invasion du Capitole par des soutiens de Trump venus l’écouter à Washington. Le 46ème Président des Etats-Unis, Joe Biden, n’a pour la première fois pas pu pénétrer dans la Maison Blanche avant le jour de son entrée officielle au pouvoir, car son prédécesseur n’a pas souhaité l’inviter pour le traditionnel tête-à-tête de transition entre deux Présidents. Donald Trump, qui n’a plus de plateforme sur les plus grands réseaux sociaux que sont Facebook et Twitter, est resté largement silencieux depuis les débordements au Capitole, il y a tout juste 2 semaines. Après le ton très ambigu qu’il avait adopté le jour de ces émeutes, en appelant les manifestants à rentrer chez eux en jugeant qu’ils étaient « spéciaux » et qu’il les aimait, il a, face à l’émoi général, rectifié le tir quelques jours plus tard, et publié une vidéo en condamnant ces violences.

 

Pour toutes ces raisons, l’unité reste une promesse bien illusoire à ce stade. Donald Trump a certes perdu le soutien d’une partie du parti républicain et même de ses soutiens les plus engagés. La Chambre des Représentants a voté un deuxième impeachment en deux jours à peine, une rapidité qui pose certes la question d’une procédure juste et équitable. Et dix députés républicains y ont apporté leur voix. Par ailleurs, les plus extrêmes soutiens de Donald Trump que sont les « proud boys » de l’extrême droite critiquent aujourd’hui son départ de la Maison Blanche, le jugent faible face à la fronde politique, et le « lâchent » sur les plateformes alternatives que sont Gab et Telegram.

 

Au-delà de cette invocation à l’unité, l’heure est aussi et surtout au détricotage de la part de Joe Biden. Le dépeçage immédiat des mesures les plus outrageuses de l’ère Trump, selon son successeur. Mercredi après-midi, le locataire fraîchement arrivé à la Maison Blanche a signé 17 décrets, dont le retour des États-Unis dans les accords de Paris sur le climat, l’annulation du décret Trump sur l’immigration ou encore l’obligation de porter un masque dans les lieux publics fédéraux,. Mais aussi l’accélération de la réponse à la pandémie qui continue à ravager le pays, avec plus de 400.000 morts à ce jour.

 

C’est donc cette équation politique complexe qu’affronte ce Président : d’un côté, une rhétorique fondée sur l’unité, pour essayer de réconcilier un pays si profondément déchiré. Et de l’autre côté, une politique de déconstruction qui va faire fulminer les partisans de Donald Trump, déjà remontés à bloc par la théorie d’une fraude massive lors de cette élection. Seule planche de salut pour Joe Biden : passer rapidement, grâce au Congrès qui est désormais de son bord, un nouveau plan de relance très ambitieux (1.900 milliards de dollars), qui puisse sauver des millions d’Américains de la faillite et de la misère économique. Mais aussi relever le défi d’une vaccination générale aussi rapide que possible. Les 100 premiers jours du mandat Biden seront peut-être les plus difficile jamais vécus par un Président.

 

PS : j’ai pris un peu de temps off pour des raisons de santé (non liées au Covid), j’espère que ces billets vous intéressent toujours et si c’est le cas, aimerais beaucoup vos témoignages J A très vite !

Précédent
Précédent

Comme un air du Parrain

Suivant
Suivant

Raviver le Rêve américain, mission impossible?