« Laffin’ Kamala » contre « Glorious Donald »

Le débat, le face-à-face, le duel. Ce soir se joue un moment crucial de la campagne électorale américaine, même s’il contribue rarement à inverser la tendance. Le débat entre les deux candidats démocrate et républicain, Kamala Harris et Donald Trump, est si important car il donne à voir deux physiques et deux personnalités sur la forme et, on l’espère, deux visions de gouvernement, ou à tout le moins le développement de propositions de campagne.

 

Sur la forme, les deux candidats ne pourraient pas être plus différents. Kamala Harris, 59 ans et Noire Américaine, petit gabarit d’1m63, va affronter Donald Trump, presque 20 ans de plus, 1m90 et près de 100kg, cheveux au vent qui blondissent à chaque campagne. Ce dernier a déjà raillé son adversaire sur sa taille, et a coutume de dénigrer ses opposants l’affublant de surnoms comme Laffin’ Kamala (« Kamala qui rit ») et, plus récemment, Comrade Kamala (« La Camarade Kamala ») pour la taxer de communiste.

 

De l’autre côté, Kamala Harris s’est faite remarquer pour un début de campagne assez joyeux, dans lequel elle n’hésite pas à partir dans un éclat de rire. L’enjeu : démontrer que, contrairement à sa prédécesseure Hillary Clinton qui essayait d’adopter les codes masculins de l’autorité et de l’ambition en 2016, une candidate au Bureau Ovale peut garder des attributs féminins et sa crédibilité. Mais une élection présidentielle n’est bien sûr pas le monde des Bisounours : en face, Donald Trump ne va avoir de cesse d’utiliser l’agression verbale pour la provoquer, et la pousser dans ses retranchements.

 

Kamala Harris n’a pas d’autre choix que d’attaquer elle aussi son opposant sur son profil : un fils de milliardaire qui n’a que pour projet de baisser les impôts pour les plus riches et d’imposer des barrières douanières, qui pénalisent la classe moyenne. Elle doit surmonter son retard sur l’économie, dans la mesure où les sondages montrent que les Américains font davantage confiance à son adversaire pour les questions économiques. Mais elle veut aussi le peindre comme un homme qui a dépossédé les Américains – en particulier les femmes - d’un de leurs droits fondamentaux : l’avortement. Ces deux sujets sont les deux principales préoccupations des Américains et seront un enjeu fondamental du débat.

 

L’opinion des Américains est limpide : ils veulent du changement. Pas simple pour Donald Trump, qui a du mal à représenter cette alternative après avoir déjà gouverné quatre ans. Son slogan « Make America Great and Glorious Again » n’a pas beaucoup changé du MAGA de 2016. La question est complexe aussi pour Kamala Harris, qui ne peut totalement s’affranchir de l’administration Biden mais doit représenter cette bouffée de renouveau que les Américains attendent de pied ferme.

 

Cette joute est peut-être plus importante que tous les autres débats présidentiels qui l’ont précédé : jamais eux candidats n’ont été autant au coude-à-coude à ce moment de la campagne. Kamala Harris a bénéficié d’un mouvement de ferveur et d’enthousiasme à l’annonce de sa nomination, mais le soufflé est semble-t-il retombé. Selon le dernier sondage du New York Times et Siena College, Donald Trump devance Kamala Harris d’un cheveu – 1 point – dans les intentions de vote à l’échelle nationale, à 48 % et 47 % respectivement. 30 % des Américains veulent en savoir plus sur celle qui a fait campagne depuis à peine un mois, et elle a du mal à remporter chez les électeurs Noirs et les ouvriers du Midwest, qui s’identifiaient bien mieux à Uncle Joe.

 

Une chose est sûre : le débat sera mouvementé, alors réservez votre soirée et sortez les popcorns !

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