Le secret le mieux gardé de Washington

C’est le secret le mieux gardé des libéraux à Washington : plus que jamais, de jour en jour, et de nouvelles de plus en plus renversantes, ils y croient. Bien sûr, personne ne veut l’affirmer haut et fort, comme ils l’avaient fait il y a 4 ans - alors qu’Hillary caracolait dans les sondages – et porter la scoumoune. Mais comme je le disais jeudi après le débat vice-présidentiel, chaque jour qui passe, et ne renverse pas la tendance, est un jour de gagné pour les démocrates. Les derniers jours semblent confirmer ce constat : Donald Trump a tenu à apparaître samedi soir, lors d’un court événement sur le balcon de la Maison Blanche, une façon de montrer qu’il allait bien et d’appeler les Noirs et Latinos dont il a besoin pour être élu.

 

Surtout, il vient de reprendre sa campagne avec un meeting en Floride – un État qu’il doit obligatoirement remporter -  dans un hangar d’aéroport à Orlando, lundi soir. Il est apparu fidèle à lui-même, si ce n’est une voix éraillée et a affirmé « je me sens si puissant » à une foule de supporters, dont un certain nombre n’étaient pas masqués. Et cela même, alors que son médecin expert du coronavirus, Antoni Fauci, a lui-même indiqué que les grands rallyes « cherchent les problèmes ». Et s’est distancé d’un spot publicitaire de la campagne du président, jugeant que ses propos avaient été « pris hors contexte ».

 

En parallèle, l’autre grande actualité de ce lundi a été le début de l’audition d’Amy Coney Barrett au Sénat américain. Sans surprise, les démocrates et républicains ont opposé deux visions diamétralement opposées de la juge promise au remplacement de Ruth Bader Ginsburg. D’un côté, les démocrates l’ont présenté comme une démagogue conservatrice, qui allait renverser l’avortement et son précédent Roe vs Wade, mais aussi et surtout l’Obamacare et sa couverture maladie universelle. Ils ont présenté ce vote comme un abus de pouvoir de la part de Donald Trump en pleine campagne présidentielle, alors que les républicains avaient empêché Barack Obama de faire la même chose plus de six mois avant l’élection de 2016. De l’autre côté, les républicains ont accusé leurs adversaires de la caricaturer comme une catholique extrémiste, et ont mis en avant ses compétences en tant que juge.

 

Kamala Harris, qui a participé à l’audition par visio-conférence, a porté le coup le plus agressif aux républicains : elle les a accusés de privilégier la confirmation rapide de leur nominée à la  Cour Suprême, plutôt que de trouver un compromis sur un plan de relance crucial pour tant d’Américains. Après les messages contradictoires du Président sur la question, ce dernier reste encore lettre morte au Congrès, laissant des millions d’Américains et d’entreprises dans des situations très périlleuses.

 

Le parti républicain peut compter sur une victoire rapide sur cette nomination grâce à sa majorité au Sénat, et a même prévu de commencer le vote dès jeudi, avant même la fin de l’audition d’Amy Coney Barrett. Mais pour ce qui est de l’élection du 3 Novembre, les chances de Donald Trump s’amenuisent côté chiffres. Au plan national, il affiche un retard depuis de longues semaines, mais c’est surtout au niveau des États clés que la tendance semble se dessiner : selon les derniers sondages, Joe Biden aurait une avance comparable dans le Michigan, la Pennsylvanie ou le Wisconsin, au plan national, à savoir au moins 5 à 6 points. Des Etats que le locataire de la maison Blanche ne peut pas se permettre de perdre pour remporter un deuxième mandat. Les sondages, qui donnaient Hillary Clinton vainqueur quelques jours avant l’élection de 2016, auront-ils raison cette fois-ci ? Chacun y va de son pronostic, réponse dans 22 jours… ou sûrement un peu plus.

 

 

PS : Avez-vous lu des articles sur le projet de kidnapping de la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer ? Il mêle des groupes extrémistes pro-Trump et anti-démocrates, le FBI et des informateurs inflitrés. Une vraie saga qui ferait un bon thriller, mais qui démontre aussi à quelles extrémités pourraient être réduits les radicaux de chaque camp. Surtout si le perdant de cette élection cherchait à semer la guerre civile dans le pays…

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